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UB- Préhistoire Le site de Préhistoire de l'Université de Bourgogne Cours en ligne Licence 1 - Introduction au Néolithique |
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Introduction au Néolithique Cours 4 : La néolithisation et le Néolithique de l'Europe
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Cette semaine nous allons voir à très grande vitesse, la néolithisation et le Néolithique de l’Europe. Evidemment en une heure, ce ne sera qu’un survol très rapide. Ceux qui s’intéressent au sujet, aurons un cours plus détaillé en troisième année, mais vous être tous censés vous documenter un peu par vous-même, dès cette année, en consultant les principaux ouvrages que je vous ai donné en bibliographie, afin de vous préparer aux examens. Je vais donc vous présenter ce cours en 3 parties : Tout d’abord un peu, un tout petit peu de théorie pour vous présenter les divers processus de néolithisation connus en Europe. Ensuite nous verrons la néolithisation elle-même, c'est-à-dire l’implantation des néolithiques et la diffusion du mode de vie néolithique sur le continent. Enfin, très rapidement, nous envisagerons le développement de ce Néolithique pour vous donner quelques noms de cultures et de sites parmi les plus importants et vous signaler les grandes évolutions et les principales innovations. Mais avant même de commencer avec les questions théoriques, je tiens à vous signaler un fait que tout le monde doit déjà connaître mais, au cas où, Avant la diffusion néolithique en Europe, le continent est déjà peuplé. Nous sommes dans une grande période de transition qui suit les dernières grandes périodes glaciaires et que nous appelons le Mésolithique. Dans cette période d’amélioration climatique, les traditions des chasseurs collecteurs qui ont pris l’habitude de suivre les parcours des grands troupeaux vont changer. Les troupeaux habitués aux conditions glaciaires remontent vers le nord, comme une partie des hommes. Mais dans l’Europe tempérée ceux qui restent vont devoir s’adapter à un nouvel environnement. Ce que vous devez particulièrement retenir, c’est donc que l’Europe est peuplée à cette époque et d’autre part qu’il n’y a eu aucun essai local, selon les connaissances actuelles, de production de nourriture : ni agriculture, ni élevage, ni céramique d’ailleurs, avant l’arrivée des néolithiques. Seules quelques vestiges d’une sédentarisation ou d’une semi-sédentarisation en Europe orientale, dès le Paléolithique supérieur, au Gravettien est remarquable mais restera probablement sans lendemain. Venons en maintenant aux différents processus de néolithisation de l’Europe… Et tout d’abord qu’est ce qui peut bien motiver la diffusion du Néolithique ? Vous imaginez bien que nous n’avons pas une réponse unique et absolue à cette question qui suscitera encore longtemps des débats. Mais la plupart des théories se rejoignent pour envisager la cause première de l’expansion du Néolithique qui serait un accroissement démographique. Bon, ça, ce sont les causes premières de l’expansion. A partir du moment où le groupe s’agrandit nous allons avoir trois phénomènes possibles : L’une de ces raisons, ou toutes ou d’autres que nous n’imaginons pas, amènent les hommes à se déplacer et à répandre avec eux, l’économie et le mode de vie néolithiques. Venons-en maintenant aux différents processus de diffusion eux-mêmes : On peut distinguer trois grands types de processus :
Voilà pour ce qui concerne la théorie. Evidemment, tous ces processus ont sans doute participé à la néolithisation de l’Europe que nous allons voir maintenant. Je vous avais signalé la colonisation de l’Ile de Chypre dès le IXe millénaire avant notre ère, qui se fait par voie de mer en provenance du Levant, les hommes amenant avec eux leurs bétails et leurs semences pour l’agriculture. Ce n’est que bien plus tard peut-être dès 7000 et au moins entre 6800 et 6100 avant notre ère que la diffusion néolithique va se faire en direction de l’Europe et au départ de la région anatolienne, en Turquie actuelle. Au départ de l’Anatolie, les îles des Cyclades, en mer Egée semblent fréquentées anciennement, sans doute par des populations néolithiques à la recherche d’obsidienne. Il s’agit d’un verre d’origine volcanique qui se taille comme le silex mais qui est à la fois plus beau et beaucoup plus tranchant. En Grèce, le site le plus connu est la grotte de Franchthi en Argolide où toute l’évolution jusqu’à l’arrivée et au développement des sociétés d’agriculteurs-éleveurs peut être suivie. Dès 6600-6500, on assiste à une phase de stabilisation des groupes néolithiques en Grèce qui va se doubler de l’apparition d’éléments culturels différents de ceux de la région d’origine en Anatolie avec le développement d’une céramique dite monochrome. Mais les contacts avec l’Anatolie restent nombreux pendant cette phase. On distingue une deuxième étape entre 6100 et 5800. Pendant cette nouvelle phase, on assiste à une vaste expansion au départ des régions anatoliennes, avec ce qu’on appelle les groupes à céramiques peintes qui vont arriver en Grèce et progresser à l’intérieur de la péninsule balkanique. Moitié colonisation, moitié expansion démographique. On parle alors d’un vaste ensemble balkano-anatolien, comme quoi les discussions actuelles sur les rapports entre l’Europe et la Turquie dépendent de l’époque que l’on observe. Parmi les sites très importants retenez ceux de Nea Nikomedeia en Grèce et du Tell Karanovo en Bulgarie. En parallèle, dès 6100, la néolithisation du bassin adriatique est amorcée à partir de la Grèce occidentale avec les groupes à céramique imprimée. Il s’agit là d’une colonisation rapide. A partir de ce moment, on entre dans une troisième phase où l’on va pouvoir distinguer deux grands courants de diffusion néolithique à travers l’Europe. Le premier et le plus rapide est le courant méditerranéen. La néolithisation du bassin adriatique se fait par la diffusion des groupes à céramique imprimée. Sur les côtes orientales tout d’abord, puis par colonisation directement jusqu’en Italie du sud et en Sicile dès 6000. En Italie du sud, retenez le site de Torre Sabea. Les céramiques à décor imprimé s’étendent très rapidement vers le golfe de gêne, la côte ligure avec la grotte des Arene Candide et on connaît même quelques sites de ces tous premiers colons néolithiques à Nice à l’abri Pendimoun et jusqu’en Languedoc central, sur les côtes de l’Hérault à Portiragnes. A partir de 5800, on voit apparaître deux nouveaux groupes culturels. On distingue un cardial tyrrhénien qui concerne l’Italie centrale, la Corse et la Sardaigne et un Cardial Franco-Ibérique qui va s’étendre de la Provence jusqu’à la côte méditerranéenne de l’Espagne puis au-delà jusqu’au sud du Portugal et qui traverse détroit de Gibraltar vers le Maroc. Le Cardial est bien connu par de nombreux sites dans toutes ces régions. Vous pouvez retenir celui de la Marmotta en Italie, l’Abri de la Font des Pigeons, la grotte de Fontbrégoua ou le site de plein air du Baratin dans le Midi de la France. Ce même cardial va évoluer sur place dans le Midi de la France et se diffuser vers la façade atlantique d’une part et d’autre part remonter la vallée du Rhône au contact des populations locales mésolithiques leur transmettant la technique de la fabrication de la céramique jusque dans le nord-est de la France. Dans cette dernière région, nous aurons un peuple mésolithique fabriquant une céramique dont la tradition vient du Midi méditerranéen, avant que le nord-est soit néolithisé : on l’appelle le groupe de la Hoguette, et c’est un cas exemplaire d’acculturation partielle. Nous venons de voir la diffusion méditerranéenne qui correspond donc essentiellement à des processus de colonisation rapide. Pendant ce temps, un autre axe de diffusion du Néolithique à travers l’Europe se met en place, plus lentement dans les Balkans. Il s’agit là d’un processus d’expansion démographique et d’acculturation progressive des populations indigènes. Ce deuxième courant de diffusion du Néolithique est appelé le courant danubien car il va suivre pour une grande part le cours du Danube. Donc à partir de 5800, on va assister à une importante expansion démographique dans les Balkans à partir des groupes à céramique peinte. Cette expansion amène à la création d’un nouvel ensemble culturel appelé le complexe carpato-pannonien qui comprend les groupes de Starcevo, de Cris et de Körös. Il va alors se produire une stagnation dans ces régions pendant près de 2 à 3 siècles où ces cultures vont se développer et se transformer jusqu’à l’apparition vers 5500 des groupes à céramiques linéaires. Il s’agit en fait de deux groupes qui vont être responsables de la néolithisation de l’essentiel de l’Europe centrale et orientale. Cette dernière va rapidement se répandre en Slovaquie, République Tchèque, Allemagne et atteindre le Rhin vers 5300 puis la France de l’Est et du Nord-Est jusqu’au bassin parisien et jusqu’en Belgique. En France la céramique linéaire est appelée céramique rubanée ; ces groupes se développent jusque vers 4900 avant notre ère. Dès ce moment, l’essentiel de l’Europe est néolithisé. Il faudra cependant attendre encore la seconde moitié du 5e millénaire pour que les régions les plus septentrionales de l’Europe soient colonisées par les néolithiques. Ce sera le cas par la grande culture des gobelets en entonnoirs jusqu’en Scandinavie autour de 4000 avant notre ère et c’est sensiblement à la même date que le Néolithique s’implante sur les îles britanniques (les plus anciennes dates se trouvent actuellement en Irlande et non en Angleterre), mais nous sommes déjà là au Néolithique moyen. Nous avions donc, pour la première diffusion néolithique, deux grands courants à partir de l’Europe du sud-est, en Grèce. Ces deux grands ensembles correspondent à de grandes traditions communes que l’on va retrouver aussi bien pour les décors céramiques : les décors imprimés à la coquilles en Méditerranée et les décors incisés de motifs linéaires ou rubanés en Europe centrale, même si les céramiques peintes existent dans les deux courants. En même temps, ces grandes entités culturelles, un temps reliées à leur origine anatolienne pendant la diffusion en Grèce et dans les Balkans, vont se démarquer petit à petit de cette origine commune, en développant leur propre culture même si les grands traits culturels et idéologiques ne disparaissent pas. A la fin du Néolithique ancien, dans la première moitié du 5e millénaire (donc entre 5000 et 4500), les grandes entités culturelles que sont le Rubané et le Cardial disparaissent et se morcellent en même temps en un grand nombre de groupes qui sont marqués par des extensions géographiques plus modestes et par une culture matérielle à l’identité affirmée. Je ne vous les détaille pas ici, ce ne serait pas possible de toute façon, il m’a fallut 3 heures pour le faire au pas de course, aux étudiants de 3e années. Retenez juste pour la France l’existence de nombreux ensembles comme le Pré-Chasséen et le groupe de Montbolo dans le Midi de la France, ou le Villeneuve Saint-Germain et le Cerny dans la moitié nord. Dès 4500 cependant, on observe une phase de recomposition culturelle importante avec le redéveloppement de plusieurs grands ensembles comme le Michelsberg en Allemagne, le Chasséen en France, les vases à bouche carrée en Italie du nord… Cette recomposition ne va se maintenir que pendant un millénaire et autour de 3500, on voit une nouvelle période intermédiaire apparaître avec un nouvel éclatement de ces grands ensembles culturels remplacés par des petits groupes régionaux très bien marqués par leur culture. Cette situation va perdurer pendant le 3e millénaire où des phénomènes de natures différentes vont apparaître avec d’une part la grande civilisation Cordée qui va se développer en Europe centrale et d’autre part le phénomène campaniforme qui, probablement au départ de la péninsule ibérique va tendre à unifier une grande partie de l’Europe entre 2500 et 2100 avant notre ère. Pendant cette période d’implantation et d’enracinement du Néolithique en Europe, de grands phénomènes vont traverser le continent. Comme je vous l’ai montré dans le premier cours, il va s’agir du mégalithisme qui va diffuser à travers une large part du continent traduisant une idéologie commune et des rites identiques ou apparentés dans de très grandes régions. Il va s’agir aussi de rites funéraires avec l’abandon dans de nombreuses régions de la sépulture individuelle pour la sépulture collective traduisant l’importance du groupe, de la communauté, puis d’un retour à la sépulture individuelle à la fin de la période. Je vous ai parlé aussi du développement de la métallurgie quelques siècles seulement après la diffusion du Néolithique en Europe du sud-est puis plus tard en Europe occidentale. Cette invention là aura des conséquences très importantes pour l’ensemble de l’Europe. Mais bien d’autres domaines comme les échanges ou les formes de l’habitat traduisent de nombreuses évolutions au cours du Néolithique et c’est ce que nous verrons à partir de la semaine prochaine dans une série de cours thématiques. Bibliographie : A lire impérativement : MAZURIE DE KEROUALIN K., 2003 – Genèse et diffusion de l’agriculture en Europe, Paris : Errance, 2003, 184 p. Pour aller plus loin : PERLES C. (2004) – Une marge qui n’en est pas une : le Néolithique ancien de la Grèce, in : GUILAINE J. (Dir) : Aux marges des grands foyers du Néolithique. Périphéries débitrices ou créatrices ? Séminaire du Collège de France, Paris : Errance, 2004, p. 221-236. GUILAINE J., 2005 – La mer partagée, la méditerranée avant l’écriture 7000-2000 avant Jésus-Christ. Paris : Hachette, 2005, 910 p. (Pluriel Histoire) COURTIN J. (2000) – Les premiers paysans du Midi, Paris : La Maison des Roches, 2000, 128 p. (Collection Histoire de la France Préhistorique).
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